vendredi 29 décembre 2017

Il y avait, il y a, il y aura.


 
 
 
Il y a des textes qui, comme la théorie lévinassienne du visage se soucie de l'être dans sa nudité fragile, offrent à ceux qui s'y aventurent l'expérience sensible d'une telle nudité. Il y avait des rivières infranchissables le dernier livre de Marc Villemain fait partie de ces écritures précieuses, devenues désespérément inhabituelles, qui se saisissent avec une délicate nostalgie des questions sans fin que pose le mystère du désir amoureux. Douze variations du thème des amours naissantes, plus une (surprenante) en guise de point de capiton, constituent la palette sensuelle d'une écriture légère et ciselée, émotive et précise, parfumée. Une écriture qui tisse la toile d'un réel qui s'entrouvre et s'échappe aussitôt au gré des pulsations d'un imaginaire sans pathos ni pesante nostalgie. Il y avait des rivières infranchissables comme un tableau qui nous regarde et nous dit qu'il y avait, qu'il y a, qu'il y aura la magie vivante du désir, creuset de l'être-là que nous sommes, toujours infranchissable.